Les présidents des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l’Union européenne se mobilisent pour attirer l’attention sur les orientations du futur cadre financier pluriannuel (CFP) 2028‑2034. Ces territoires, dont fait partie Mayotte, présentent des contraintes spécifiques liées à leur éloignement géographique, à leur insularité et à leur vulnérabilité économique et sociale. Selon les présidents, certaines orientations du budget envisagé pourraient fragiliser le développement local, réduire les fonds ciblés et limiter les politiques adaptées aux besoins des RUP.
Qu’est-ce que les RUP ?
Les RUP regroupent neuf territoires situés en dehors de l’Europe continentale : Mayotte, La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin, les Canaries, Madère, les Açores et la Guyane française. Ces territoires présentent des défis particuliers, tels que l’éloignement des marchés, l’accès limité aux infrastructures et la dépendance à certains secteurs économiques. L’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne reconnaît ces spécificités et prévoit des mesures adaptées pour soutenir leur développement. Selon Info Mayotte, sans ces financements européens, ces territoires risquent de freiner leur croissance et d’accentuer les inégalités avec les régions continentales. L’accompagnement ciblé reste donc essentiel pour leur avenir.
Les enjeux du budget 2028‑2034
Le futur cadre financier pluriannuel pour la période 2028‑2034 prévoit un budget total de près de 2 000 milliards d’euros. Ce montant est destiné à financer des programmes essentiels dans tous les États membres. Toutefois, les présidents des RUP s’inquiètent d’une tendance à la « renationalisation » des fonds, où les priorités nationales pourraient supplanter les besoins spécifiques des territoires éloignés. De plus, le recentrage sur la compétitivité industrielle et la sécurité, bien que pertinent pour certaines régions, pourrait réduire les programmes d’investissement social, éducatif et environnemental essentiels pour les RUP.
Les préoccupations des présidents des RUP
Les dirigeants des RUP mettent en avant plusieurs points critiques :
- Vulnérabilité économique et sociale : Les aides européennes ont permis de soutenir la création d’emplois, le développement des infrastructures et l’accès aux services essentiels. Une réduction des fonds ciblés risque d’aggraver les inégalités sociales et économiques.
- Spécificités environnementales : Les RUP sont souvent exposées à des risques naturels plus élevés, comme les cyclones ou l’érosion côtière. Les financements européens ont été indispensables pour renforcer la résilience de ces territoires.
- Rôle stratégique et géopolitique : Les RUP représentent un espace maritime et territorial crucial pour l’UE. Leur développement soutenu permet à l’Union européenne de maintenir une présence stratégique et durable dans ces zones éloignées.
Selon eux, le futur budget ne doit pas négliger ces enjeux, car chaque territoire présente des besoins uniques qui ne peuvent être traités par des solutions uniformes. Les présidents insistent sur le fait que les fonds européens doivent rester un levier pour réduire les déséquilibres entre régions éloignées et continentales.
Réponses et actions attendues
Pour porter leur voix, les présidents des RUP participeront à un forum de haut niveau réunissant des représentants de la Commission européenne et du Parlement européen le 18 novembre 2025. L’objectif est de discuter des orientations du futur budget et de défendre les programmes adaptés aux spécificités des RUP. Ils espèrent que l’Union européenne maintiendra des mécanismes de soutien différenciés, afin de continuer à financer les infrastructures, l’éducation, la santé et le développement économique dans ces territoires.
Cette mobilisation souligne également l’importance d’un dialogue constant entre l’UE et ses régions ultrapériphériques. Une concertation efficace pourrait garantir un équilibre entre les priorités continentales et les besoins locaux, permettant aux RUP de se développer tout en contribuant à l’ensemble de l’Union européenne.
Perspectives pour l’avenir des RUP
Les RUP ne se contentent pas d’alerter sur les risques : elles cherchent également à construire un avenir durable et résilient. Les présidents insistent sur la nécessité d’investissements ciblés dans les infrastructures, la transition énergétique, l’éducation et l’innovation. Le développement numérique, les énergies renouvelables et la formation professionnelle représentent autant de leviers pour renforcer l’autonomie économique de ces territoires. En parallèle, une meilleure coordination avec les acteurs locaux et régionaux permettrait d’optimiser l’utilisation des fonds européens. Ces perspectives montrent que, malgré les contraintes, les RUP peuvent devenir des exemples de développement adapté et durable au sein de l’Union européenne, à condition que leurs spécificités soient pleinement reconnues et soutenues.